Now Reading
Le jour où tu as compris que tu (n’)étais (pas) un hipster

Le jour où tu as compris que tu (n’)étais (pas) un hipster

Ils sont partout, du coin de ta rue au prochain onglet qui va s’ouvrir sur Firefox, voire même dans la prochaine pub de W9 Sundance Channel. À la base, les hipsters se voulaient anti mainstream mais à force d’être underground en masse, ils sont devenus tout le contraire de ce qu’ils voulaient être au départ : branché. Hype. Non convenu.

Hipster McCartney

Le genre de type qui n’hésite pas à sortir un mot en plus de six syllabes en sortie de réunion, “dithyrambique” ou inventant des mots à bon escient, comme “complexitude”. Bon, ok, le hipster parle aussi en verlan, juste pour justifier son apparence qui lui fait paraître 20 piges alors qu’il en a 15 de plus.

Non, le hipster n’est pas qu’un mec faussement bobo qui s’habille en Carhartt, il s’est aussi inventé une passion pour le longboard il y a 2 mois en prétendant qu’il “est skateur depuis l’adolescence”. Le hipster est la nouvelle version du dandy parisien détestable, le genre de cliché que l’on posait (et que l’on pose encore) allègrement sur la gueule de Beigbeder, Wizman, Baer et consorts au début des années 2000. Et là où Saint-Germain-des-Près et ses cafés à 5 euros avaient leurs adeptes, les Buttes-Chaumont font désormais office de maison secondaire avec ses dimanches à base de “pique-nique bio avec du Merlot” et ce dès les premières heures du printemps (ou devrais-je dire, dès l’apparition de l’un des 10 rayons annuels de soleil parisiens). Non, ok, le hipster n’est pas seulement un mouton qui s’agglutine sur les coins d’herbe de la capitale, comme les touristes sur les plages de la Costa Brava en plein mois d’Août. Le hipster n’est pas forcément parisien, d’ailleurs. Tant qu’il roule en “fixie”, ça marche.

En dehors de ça (soit l’hiver, soit 11 mois par an s’il est parisien), le hipster vit “brunch. Il ne mange pas “brunch”, il ne “brunche pas”, non il vunch. Un vrai style de vie, un concept, une religion. Le dimanche, plus de MacDo ciné, plus de journée pyjama, tout ça c’est trop 1990. Il s’est découvert une passion pour ce vrai/faux repas qui combine breakfast et lunch (d’où le nom, ndlr). Et au final, n’hésite pas à débourser une quarantaine d’euros pour des œufs bacon avec un café et 2 croissants.

Le hipster milite aussi pour le retour de la barbe en particulier et plus généralement pour toute tendance “isolée” qu’il s’imaginera être le seul à posséder (pour preuve, en vrac, le “brunch” dominical, la chemise à carreaux, le bonnet-même-en-été, le “camo” – oui le hipster dit “camo” et pas “camouflage” -, le quinoa, le “sans gluten”, le “normcore” – comprendre “censé être le style opposé au hipster, mais finalement, c’est pareil…”–, et ses Stan Smith !)…

Bon, là encore, c’est cliché. Le hipster n’est pas seulement là pour aimer le vintage, la Stan Smith, le bio, les animaux. Le hipster porte toujours des Vans, mais pas n’importe lesquelles. Trouées, usées, juste pour montrer (encore et toujours) que “oui, il est bien un vrai skateur depuis l’adolescence”. Et puis, d’ailleurs, s’il skate tous les week-ends, c’est parce qu‘il n’a pas la télé chez lui. Son seul appareil électronique, hors mis son Macbook Air, c’est sa platine vinyle (et sa clim réversible, ok).

Le hipster accorde aussi une grande importance au design, au graphisme, à la photographie. Il aime poser en comapgnie de son Reflex préféré et toutes ses photos de profil sur les réseaux sociaux sont en argentique (bon, ok, parfois prises avec Hipstamatic, mais faut pas le dire). Passionné mais juste en surface, le hipster est aussi paradoxal. Lorsqu’il écrit sa liste de courses, c’est soit sur son iPad soit sur son petit Moleskine planqué au fond de son tote bag – oui, le hipster est paradoxal, il aime autant la technologie que la tradition. Le bio que le saucisson. Le tartare et les huîtres que les pousses d’épinards.

On a tous quelque chose en nous des hipsters. Ne nous le cachons pas.

Et comme dirait l’autre… “Pendant que les barbus avalent leur bol de céréales hors de prix, les enfants du quartier crèvent la dalle”.

View Comment (1)
  • Je suis hipsterien spécialisé sur la période 2009-2014
    Si vous avez besoin de documentation.
    je vous aime

Leave a Reply

Your email address will not be published.

quinze + 18 =

© Madmoiselle Julie • 2008 - 2019