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{Interview} On the beach with… Aeroplane

{Interview} On the beach with… Aeroplane

De retour à Calvi on the Rocks pour la seconde fois, Vito De Luca aka Aeroplane jouait sur la plage de l’Octopussy pour cette édition 2013. Au cours d’un long et agréable entretien, il m’a confié ses projets, notamment sur son label Aeropop lancé en 2012, sa future rentrée, ses petits plaisirs à Calvi, ses coups de cœur et coups de gueule musicaux et nous offre une playlist spéciale pour l’été…

Tu étais déjà venu à Calvi ?
Je suis déjà venu y’a 5 ou 6 ans et j’avais déjà joué sur la plage, c’était mortel ! Mais après, c’était le genre d’environnement dans lequel je n’étais pas super à l’aise, la plage, tout ça… Cette année, j’apprécie davantage, car on s’est organisés de manière à ce que ce soit plus agréable, que ça puisse être des vacances. J’étais tout le temps en studio, je m’en foutais un peu d’être en congés, de bronzer. Je crois qu’avec l’âge, on change un peu et j’étais content hier d’être à Mar A Beach, allongé sur la plage, à ne rien faire, avec Bottin qui jouait un set incroyable !

Y-a-t-il des lives à Calvi on the rocks qui t’ont marqué cette année ?
On est allés voir Midnight Juggernauts, c’était cool ! Ensuite Midnight Magic, c’était vraiment disco new yorkais, super bien fait, liquid liquid… Après tu aimes ou pas la façon dont c’est fait, la façon dont elle chante, mais c’était fait avec un goût assez incroyable. Je suis aussi allé voir Bottin, on va aller voir Todd Terje aussi, cet après-midi. On va aussi aller voir Mark Ronson et Riton, je suis curieux de voir ce que ça va être.

Quels sont les endroits où tu aimes aller quand tu viens à Calvi, tes petits plaisirs, tes bonnes adresses ?
Je découvre, parce que la première fois que je suis venu je suis resté une après-midi. On a découvert un petit bar à vin super sympa dans la rue principale où la serveuse est super sympa, la bouffe et le vin super bons. Ensuite, si tu vas sur la place avec une petite fontaine et tout plein de restaurants, c’est un peu la pression, tandis que dans ce petit bar à vin, c’est beaucoup plus calme. Au dessus de Chez Tao, j’ai bien aimé aussi le resto A Candella qui est excellent.

Si tu devais résumer Calvi en un mot ?
Saoul ! Calvi, c’est le seul endroit où si tu bois pas à 14H, c’est toi qui a un problème. (rires) Quand les bouteilles de rosé arrivent, tu n’as pas le choix ! Surtout que j’aime pas trop le rosé, du coup je suis toujours le mec un peu chiant qui demande une bière. Effectivement, si tu ne te mets pas directement dans l’ambiance, ça peut être vite lourd quand tout le monde est sur la plage en train de chanter, de crier, de danser. Toi, t’es assis là au milieu et tu te dis “bon ok il va falloir que je boive aussi, sinon je vais rien comprendre”. Ça a été un peu le maître-mot de mes 3 jours ici : boire tôt.

“Je suis dans une période de recul,
j’essaie de découvrir de nouvelles choses,
j’écoute beaucoup de vieux trucs que je ne connais pas, pour m’inspirer
de plein de choses.”

Y-a-t-il d’autres festivals qui t’ont marqué ?
Il y a énormément de supers festivals dans le monde, dont le Flow Festival en Finlande qui est un très gros festival. C’est, d’après moi, la meilleure performance dans un festival que j’aie jamais faite. J’ai aussi joué à Coachella, c’était très marquant aussi. Et puis il y a des petits festivals, au fin fond de l’Irlande, où il y a tout juste 2 000 personnes. Tu réalises que tout le monde est super content d’être là car il n’y a jamais rien. Il y a une super énergie généralement dans ce genre de festival. En Amérique du Sud aussi, au Brésil ou au Mexique notamment, tous les festivals sont incroyables : les gens en redemandent, contrairement à Londres par exemple, où les gens sont blasés, tu peux faire n’importe quoi, ça n’étonne plus personne. Là bas, justement, les gens sont reconnaissants que tu fasses l’effort de voyager jusqu’à eux et que tu prépares un set spécialement pour eux. Ça donne une énergie différente.

Parle nous de ton label, Aeropop…
Pas mal de projets vont sortir sur ce label à la fin de l’été ou en septembre. J’ai construit un studio pendant une année et maintenant que ça roule, je suis impatient de sortir toute cette musique qui était en attente pendant de longs mois. À la base, le label a été créé pour faire ce que je voulais en terme de musique, sans être coincé dans ce truc “Aeroplane” qui est quand même assez limité et dans lequel il n’y a pas beaucoup de place pour évoluer. Sur Aeropop, il n’y a absolument pas de ligne de conduite. Aujourd’hui, pour monter un label, il faut juste la structure pour pouvoir le sortir, mais, au final, les gens réagissent au coup par coup, au coup de cœur, et tu peux  te permettre de partir un peu dans tous les sens. Avec le label, l’idée c’était d’aller vers autre chose.

Quels sont tes projets pour l’été et la rentrée ?
Comme tous les étés, je tourne énormément, notamment aux États-Unis, en Amérique du Sud, ça prend une grosse partie du temps. Malheureusement, c’est difficile de bosser sur de la musique en été, vu qu’il fait bon et que tu as envie de sortir, mais j’ai pris beaucoup de retard sur mon album donc cet été il va y avoir du boulot à faire par rapport à ça. Au final, ça ne me dérange pas car je suis assez content des morceaux, j’ai hâte de le finir et de pouvoir le sortir. Le prochain album d’Aeropop, mon label, ça va être le dernier retranchement de ce qui peut être fait dans ce projet. Ensuite, après cet album, je ne sais pas ce qui va se passer… Je pense partir aux États-Unis pendant une longue période, parce que j’ai envie de travailler dans la pop. Selon moi, c’est dans la pop que les choses les plus intéressantes se passent. Les gros chanteurs pop américains sont ceux qui prennent le plus de risques, et ça paye, ce sont ceux qui vendent le plus de disques au final. J’ai envie d’évoluer dans une structure et dans un pays où on laisse justement la place à ce genre d’expérimentation : plus c’est fou et plus tu as de chances de fonctionner, ça te pousse un peu à aller plus loin. En Europe, c’est un peu lourd, car dès que tu fais un virage à 3 degrés, les gens sont perdus. Combien de fois je reçois plein de mails qui me disent “ton remix de Paris était super, si tu peux nous faire la même chose…” Et dans ce cas je réponds “alors non, je ne vais rien faire, si c’est ça que vous voulez, réécoutez Paris cent fois”.

Dans quel état d’esprit es-tu en ce moment ?
J’essaie de me faire un petit peu oublier, les gens suivent moyennement et il faut savoir se mettre en retrait, réfléchir, retrouver un nouveau souffle et revenir avec quelque chose de nouveau que tu pourras exploiter pendant une année. Pour l’instant, je suis dans une période de recul, j’essaie de découvrir de nouvelles choses, j’écoute beaucoup de vieux trucs que je ne connais pas pour m’inspirer de plein de choses, notamment du funk. Je me rends compte que si j’ai pas cette touche-là dans ce que je fais, ça me manque, mais je réalise aussi que j’ai pas cette connaissance, cette culture, donc je réécoute des albums classiques funk, fin 70 début 80 et de là j’essaie de descendre dans les trucs moins connus pour comprendre comment c’était fait et réinjecter ça dans Aeroplane… Un peu à la manière de Chromeo, qui fait ça depuis des années, mais j’essaie de le réinterpréter à ma façon pour ne pas que ce soit copié sur Chromeo ou d’autres qui font ça aussi très bien.

La playlist d’Aeroplane…

La chanson à laquelle tu penses là maintenant, tout de suite ?
Mayer Hawthorne, qui est un pote, m’a joué son dernier album et dessus, il y a un morceau : “Wine Glass Woman” qui a été produit par Pharrell Williams. Je l’ai écouté une fois et il me mange la tête en boucle depuis que je l’ai entendu. Et pourtant, j’ai pas encore l’album ! Du coup, c’est le morceau qui est dans ma tête maintenant, vu que c’est celui qui est dans ma tête tout le temps depuis une semaine ! (rires)

Le prochain morceau que tu aimerais remixer ?
C’est difficile comme question car tous les tracks que tu aimes ne sont pas forcément ceux que tu as envie de remixer. Et parfois tes meilleurs remixes sont ceux de tracks que tu n’aimes pas du tout. Mais sinon, je pense que ça serait un morceau de Kris Menace, qui est aussi un pote, avec la voix de Romanthony, qui est mort récemment. Avant que Romanthony décède, Kris m’a demandé de faire un remix, donc je mets beaucoup d’effort pour quelque chose qui en vaille vraiment la peine, et qui soit le dernier truc “neuf” avec la voix de Romanthony dessus. Je veux vraiment que ça soit réussi.

Ton dernier coup de cœur musical ?
Ça va être bateau, mais c’est le dernier album de Kanye West “Yeezus”, que beaucoup de gens ont détesté. Moi je l’ai trouvé très surprenant. Surtout, c’était super dangereux pour lui de le faire. Ça part dans tous les sens et, au final, c’est réussi. Ça fait super longtemps que j’ai pas écouté un album que tu as envie d’écouter dans sa globalité. Tu n’as pas envie d’écouter tel titre ou tel single, tu veux écouter l’album du début à la fin. J’ai l’impression que sinon ça ne fonctionne pas si tu n’écoutes pas tout. Généralement, je l’écoute dans la voiture ou dans l’avion. C’est vraiment le dernier truc qui m’a impressionné car les Américains, surtout dans le rap, prennent beaucoup de risques et ils adorent ça. Après, je sais qu’en disant ça, beaucoup de tes lecteurs vont se dire “oh le con, il a parlé de cet album”, mais à vrai dire je m’en fous ! (rires).

Ton dernier coup de gueule musical ?
Les réseaux sociaux ont eu raison sur un truc, c’était l’album des Daft Punk. C’était un peu bizarre, le plantage selon moi. J’ai commencé la musique électronique alors que j’avais un groupe de reprises de Nirvana, j’étais un vrai grunge. En 1997, une amie me donne l’album Homework des Daft Punk, je l’ai écouté alors que j’étais très réticent et au final j’ai pris une claque, j’ai raccroché ma guitare au mur et plus tard j’avais un ordinateur, je faisais des samples etc. Cet album a vraiment changé ma direction musicale. Évidemment, dans Random Access Memories, il y a énormément de nostalgie. Ma déception vient du fait que je suis vraiment un gros fan et que je m’attendais à quelque chose d’aussi classique que ce qu’ils avaient fait auparavant. Il y a quand même des moments de génie sur cet album, notamment Instant Crush. Get Lucky c’est imparable, Doin’ it right est incroyable aussi, avec tout le génie des Daft Punk dedans. Après tous les autres morceaux de cet album ne m’ont absolument rien fait.

La chanson idéale pour une sieste sur la plage ?
Deux morceaux que j’écoute pour m’endormir : Welcome to the Machine des Pink Floyd, très spatial, à écouter au casque, c’est absolument sublime. Et l’autre, Goodnight des Beatles, un morceau un peu Disney avec Ringo qui chante.

La chanson idéale pour un coucher de soleil ?
Lovely Day de Bill Withers ou ce genre de truc nostalgique et mélancolique, ça marcherait très bien.

La chanson idéale pour se mettre en forme avant les concerts du soir ?
Histoire vraie, ces 3 derniers jours ça a été le dernier morceau de Ciara avec Nicki Minaj. C’est pas une réponse intelligente, mais c’est la vérité !

La chanson idéale pour quitter Calvi en avion ou en bateau ?
En bateau sûrement pas, car je ne supporte pas ! Les transports me rendent tous malade, mais en avion, ça serait Above the Clouds, que j’ai écrit pour décrire la sensation que tu as lorsque tu dépasses les nuages et que tu pourrais presque les toucher.

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