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La semaine de… Marie Madeleine ● (4/5) L’apologie de l’inaction par Le Clézio

La semaine de… Marie Madeleine ● (4/5) L’apologie de l’inaction par Le Clézio

Créature mystérieuse, Marie Madeleine nous étourdit depuis quelques mois déjà. Après un premier clip plein de sensualité au bord de l’eau chlorée dans Swimming Pool (remixé notamment par Jacques Renault) et l’EP No Love, elle revient avec un deuxième EP Ural Baikal Amour, un voyage chimérique et érotique porté par trois morceaux et leurs remixes (dont un de Populette, duo new-yorkais intime de The Rapture). Jarco Weiss, Herr 2003, et Gregory Wagenheim, les trois créateurs de cette « femme mi pute mi soumise » (pour reprendre leurs termes) nous invitent cette semaine au bord de leur piscine pour cinq jours passés à découvrir leur univers. Aujourd’hui, place à un livre qui les a marqués : Le Procès verbal de J.M.G. Le Clézio.


Ce qu’en dit Marie Madeleine :

“J’ai décidé de parler de Le Clézio, plus précisément de son « Procès-verbal », livre datant des années 60. Sorte de Roman fou qui fait l’apologie de l’inaction (toujours attentive parfois hallucinée) qui se révèle être le secret de l’extase matérielle pour Adam Pollo (personnage principal).
C’est un livre qui m’a profondément marqué, cette volonté brutale de s’isoler du reste du monde, écrit avec une sordide honnêteté. Au final, on se demande si le tout est le fruit d’une paranoïa désespérée ou d’un acte fondamentalement intelligent. Cette volonté de sortir du conventionnel touche tout le monde, mais ici, cette volonté est poussée à son extrême limite (de la façon la plus pure je crois). Depuis ma première lecture j’ai sans cesse des fragments qui me reviennent en tête, il y a cette scène qui se languit sur des pages et des pages où tout est construit autour de rayons de soleil qui passent par la fenêtre, Adam est simplement nu en dessous et s’arrête alors de vivre (conventionnellement) sorte de « non-moment » incroyablement saisi.”

Pour comprendre l’œuvre de Le Clézio, il suffirait presque de découvrir cette description qu’en a fait le Prix Nobel de Littérature lorsqu’il l’a reçu en 2008 : « écrivain de nouveaux départs, de l’aventure poétique et de l’extase sensuelle, explorateur d’une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante. » Passionné par les civilisations amérindiennes et en particulier les Mayas, il signe son premier roman à 1963 (il n’a alors que 23 ans), Le Procès-verbal en 1963. Cette ode à la langueur suit les pérégrinations d’Adam, marginal par choix, saisissant chaque instant, contemplant le présent, mais terriblement incompris par la société. Lorsque Le Clézio rafle le prix Renaudot, il confie à France Culture ne pas vouloir “écrire des romans différents, mais continuer la même histoire, à la fois la mienne et celle des autres en plusieurs chapitres. Donc Le Procès-verbal, c’est le premier chapitre, à la fois la découverte de la littérature et une sorte de présentation de la façon dont j’envisage la vie.” En novembre dernier, il en a écrit une nouvelle page avec son dernier recueil de nouvelles : Histoire du pied et autres fantaisies.

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